Le voyage
Départ de Lyon aux alentours de 6h pour une arrivée à 22h15 à Tanarive, longue journée dans l’avion mais beaucoup d’excitation et un peu de stresse je dois avouer.
Une fois arrivée : établissement du visa et contrôles sanitaires. Après 1h de contrôle j’ai enfin pu sortir de l’aéroport et retrouver Dieudonné qui m’attendait patiemment. Direction l’hôtel en plein centre de Tana pour une petite nuit de repos avant le grand départ en taxi-brousse le lendemain.
Je découvre rapidement la capitale Malgache qui est perchée sur des collines et offrent beaucoup de belles couleurs.
Après m’être reposée un peu, il est temps de prendre le taxi-brousse, c’est là que la grande aventure commence !
Nous sommes partis vers 17h pour arriver le lendemain à 8h à Mananjary, trajet sans embuche, en prime petit concours de chant sous des airs de Céline Dion, Garou, Michel Sardou ou J.J. Goldman (pas dépaysée !)
A l’arrivée, un peu de stress de savoir si ma valise est bel et bien sous cette grosse bâche !
L’hébergement
A mon arrivée à Mananjary, direction chez Yvonnah Bungalows où j’ai logé pendant mon séjour. C’est là-bas que j’ai retrouvé Abdellah.
J’ai un bungalow pour moi avec un lit et un petit bureau + une douche et un WC.
Pas d’eau chaude mais cela ne m’a vraiment pas marqué car l’eau n’était pas du tout glacée.
Il n’y avait pas de wifi mais nous avions une clé 4G pour pouvoir se connecter à internet donc aucun souci de ce côté-là.
Je prenais mon petit déjeuner sur place : omelette + jus de fruit frais + pain/beurre, tout ce qu’il faut pour commencer une bonne journée !
Le soir, le dîner se faisait aussi sur place. Madame Jacqueline, la propriétaire des bungalows est une excellente cuisinière. Les malgaches sont très généreux et ça se voit dans les assiettes (parfois difficile à finir !)
La ferme-école de Pachamama
ès mon arrivée à Mananjary, après un bon petit déjeuner et une douche bien méritée, je suis partie avec Dieudonné à Tsaravary (petit hameau où se situe la ferme école et le chantier).
Là-bas j’ai pu tout d’abord découvrir la ferme-école de Pachamama. Ils y forment les jeunes aux métiers de l’agriculture pour leur offrir un avenir meilleur.
Il y a énormément de plantations, d’arbres, de fleurs… Ils y récoltent un tas de fruits (papaye, coco, ananas, cacao…) et légumes, ont des vaches et pas moins de 26 ruches (production locale d’un miel de Lychee à tomber par terre !).
Le chantier
J’ai profité de la présence d’Abdellah pour faire un tour de chantier approfondi, il m’a présenté l’équipe, l’avancement du chantier et les points de vigilances à avoir sur les semaines à venir.
A mon arrivée je remarque qu’Abdellah et l’équipe en place ont vraiment bien bossé ! La charpente est montée, les bacs de couvertures sont posés (il manque encore quelques fixations) et ils débutent la maçonnerie.
Dès le lendemain, je suis seule sur le chantier, mais Romuald le chef de chantier me mets à l’aise et j’ai hâte de participer aux travaux !
Ma première surprise a été de voir le nombre de personne sur le chantier, il y avait environ 30 ouvriers répartis en plusieurs équipes, c’était très bien organisé !
- 1 équipe pour la fabrication des agglos
- 1 équipe pour la préparation du mortier
- 1 équipe pour la pose des agglos
- 1 équipe pour l’approvisionnement de sable (via une pirogue sur le fleuve à coté du chantier)
- 1 équipe en toiture pour fixer les bacs
Pendant mon séjour nous avons donc :
- Continué la fabrication des parpaings (ça à l’air simple comme ça, mais pas tant que ça, il a fallu que je m’arme de patience pour réussir mon premier parpaing !)
- Avancé le montage des maçonneries (et des échafaudages « fait-maison »).
- Fini la fixation des bacs en toiture et la pose des pièces de finitions
- Préparé tous les chaînages, les linteaux et les poteaux : nous n’avions pas de plans de ferraillage, et ici bien entendu les armatures n’arrivent pas toutes prêtes ! Nous avons donc fabriqué toutes les armatures avec les aciers que nous avions (très peu de diamètres disponibles à Madagascar, on avait des HA8 ; HA10 et HA12). Il a donc fallu bien vérifier que les linteaux étaient suffisamment ferraillés et expliquer aux ouvriers l’importance de bien mettre les aciers en bas !
- Réalisé les coffrages à l’aide de planches
- Coulé les poteaux et les chaînages : le béton est mélangé au sol, à la pelle. Le béton est ensuite mis dans des « seaux » (plutôt des fonds de bidons) et le seau est vidé dans le coffrage. Pour vibrer le béton, on avait reçu juste avant mon arrivée une aiguille vibrante. Cependant, nous n’avions pas d’électricité, il y avait un groupe qui fonctionnait au gazoil (il tombait souvent en panne donc il nous arrivait d’avoir à vibrer à l’aide d’un simple « bâton »). Mais quand nous décoffrions le lendemain, généralement l’aspect des poutres et poteaux était satisfaisant.
- Réalisation des enduits. Nous avions des enduits intérieurs et extérieurs. Pour la réalisation de ces enduits, nous avons dû aller chercher du sable fin (contrairement au sable grossier que nous utilisions pour le mortier et le béton). Nous avons donc pris la pirogue pour aller sur la plage chercher ce sable fin.
Lors de mon départ, nous avions fini la pose des maçonneries, il restait les chaînages haut à couler. Au niveau des enduits, un peu plus de la moitié des enduits extérieurs étaient finis et 1/3 des enduits intérieurs étaient faits. J’ai donc laissé à Claude les missions suivantes :
- Finir les enduits + peinture des enduits
- Réaliser la chape + pose du carrelage et de la faïence
- Plomberie
- Traitement des extérieurs
Lors de ma dernière journée sur le chantier, j’ai organisé un petit pot de départ avec les équipes, nous avons donc bu un verre tous ensemble et partagé un moment convivial où l’on a bien rigolé.
La vie à Mananjary
Mananjary est une petite ville assez animée. Les gens y sont très accueillants mais n’ont pas vraiment l’habitude de voir des français. Tout le monde me saluait et était ravi de me dire les quelques mots de français qu’ils connaissaient. Je me suis toujours sentie très à l’aise en ville.
Lors de mon premier week-end sur place, je suis allée avec Romuald (le chef de chantier) me promener au bord de l’océan et découvrir les nombreux pécheurs à l’embouchure du fleuve et de l’océan. Malheureusement on ne peut pas se baigner dans l’océan car l’eau est très agitée et à vrai dire, l’eau est marron et ne fait pas rêver… Ensuite nous avons rencontré une amie de Romuald et sommes allés au bar ensemble. Il y a de nombreux bars à Mananjary et même 2 boîtes de nuits mais je n’ai pas tenté l’expérience ! Les bars sont plutôt sympas, il y a souvent une tv avec de la musique, et on a même la possibilité de faire un karaoké ! (Pas facile sur la musique malgache mais je me suis bien débrouillée sur nos tubes français tel que Maître Gims ou Aya Nakamura, que les malgaches adorent !)
Mon deuxième week-end à Mananjary, je me suis promenée en ville, j’ai acheté quelques souvenirs et je suis allée à une célébration religieuse avec Romuald où il chante dans la chorale. Une belle expérience où j’ai pu danser et chanter (tant bien que mal) avec près de 300 personnes. J’ai aussi visité un petit village de pécheur, de l’autre côté du fleuve de Mananjary.
Un peu de tourisme à Madagascar
Sur le chemin du retour, j’ai eu la chance de m’arrêter au parc National de Ranomafana. Le parc couvre un peu plus de 41 600 ha de forêt tropicale humide. On peut y rencontrer plusieurs espèces animales et végétales rares comme les lémuriens (espèce endémique à Madagascar). Sur place je me suis donc lancée dans une randonnée de 6h dans la forêt, à la découverte des lémuriens. J’ai eu la chance de pouvoir voir toutes les espèces de lémuriens présentes dans le parc, chose assez rare. C’était un vrai moment inoubliable que de voir ces animaux à l’état sauvage dans leur environnement naturel. A la fin de la randonnée, découverte d’une magnifique cascade qui malheureusement n’avait pas beaucoup d’eau en ce moment (période chaude à Madagascar).
La ville de Ranomafana est aussi connue pour ses thermes avec une eau chaude naturellement à environ 40° (possibilité de se baigner dans des bains ou une grande piscine). Après les 6h de marche (que des montées/descentes/escaliers), j’ai aussi pu faire appel à une masseuse pour une heure de massage (il fallait bien ça pour récupérer, et ici le massage d’une heure est à moins de 12€ donc aucune raison de s’en priver !).
Je suis ensuite repartie sur Tanarive pour retrouver Dieudonné et aller chercher Claude à l’aéroport !
Nous avons pu faire un point ensemble avant mon retour en France.
Ce que je retiens de mon séjour
Tout d’abord sur la partie chantier. J’ai été impressionné par la volonté des ouvriers sur le chantier, tout le monde avait le sourire, chantait, dansait… Je n’ai jamais entendu quelqu’un se plaindre, malgré la difficulté physique des tâches (porter les sacs de ciments sur le dos, les bidons d’eau de 30L…). Les méthodes de travail sur place sont similaires à celles que nous avions il y a des dizaines d’années en France mais elles fonctionnent très bien. Avec notre vision du chantier, nous pourrions être choquée des conditions de sécurité sur site. En effet, pas de chaussures (ou des tongs) aux pieds, pas de casque, pas de tee-shirt, pas de gants etc… Mais les ouvriers sont très conscients du risque et sont donc très prudents. Le chantier est toujours bien rangé, rien ne traîne, les vis/clous sont immédiatement ramassés.
C’était très intéressant d’échanger sur les différentes méthodes de construction, les gens sur le chantier était très preneur de notre expérience et souhaitait vraiment s’améliorer.
Enfin sur l’aspect plutôt humain je garderai de nombreux souvenirs de ce séjour, j’ai été très bien accueillie et il est très enrichissant de voir que malgré la grande pauvreté qui touche le pays, tout le monde est heureux et se contente de ce qu’il a pour vivre. Ici rien ne se perd, tout se récupère, se répare, se transforme… Je pense que nous avons beaucoup à apprendre de ce mode de vie, qui nous ramènerait parfois les pieds sur terre.
Madagascar est un pays splendide avec des paysages somptueux et une nature brute, qui mérite vraiment d’être visité.