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Atelier pour ferme école PACHAMAMA à Mananjary – Episode 4 # le retour de Claude

Par Claire

ASPECTS LOGISTIQUES INTERVENTION SUR PLACE

VOYAGE ALLER
Départ Charles de Gaulle à 10h40, arrivée 22h15 à Tananarive. Une petite demi-heure de formalités de débarquement et accueilli à la sortie de l’aéroport par Dieudonné et Maud. Nuit, petit déjeuner et repas à l’hôtel au centre de Tananarive.
Départ en taxi vers la gare routière. Achat des tickets et chargement du taxi-brousse. En route pour 18 heures et plus de 1.000 km de trajets sur la route nationale malgache avec son folklore !
Enfin, au petit matin, après ce trajet de nuit, arrivée à Mananjary. Installation chez Yvona et petit déjeuner. Ensuite, le travail peut enfin commencer !

MANANJARY
Mananjary est une ville moyenne de 35.000 habitants au milieu de la côte ouest de Madagascar, en face de La Réunion, calme et sans histoire  …
Avec ses Tuctuc, ses pousse-pousses, ses marchés ….

PACHAMAMA
Le site est à la fois une ferme école, un centre d’hébergement et un lieu de production de denrées alimentaires.

L’école accueille pour 6 mois chaque année un contingent de jeunes pour une formation post baccalauréat en agronomie de janvier à juin.

Le centre est aussi lieu de vie pour une dizaine de résidents permanents qui s’occupent des champs, jardins et bêtes pendant l’intersaison scolaire.
Dont des plants de vanille, de cacao, de café et … plein d’autres choses !

Hormis le bâtiment que l’on réalise, l’association possède d’autres bâtiments : des salles de classes, des maisons d’habitation, un immeuble qui a commencé à être réhabilité il y a trois ans et qui est en standby (la future « maison de la Culture ») et une série d’autres bâtiments en ruines (ancienne usine de production de cacao).

ACTIVITÉS SUR PLACE – DÉCOUVERTE VIE A MADAGASCAR
La première semaine a consisté surtout à découvrir la ville … et à se reposer. Le week-end, le chef de chantier, Romuald, m’a invité à la préparation du carnaval et à assister à une messe évangéliste où il dirige la chorale (animée).

Seconde semaine plus animée, avec le retour de Dieudonné, des échanges avec une ingénieure génie civil en charge auprès du ministère de l’éducation du programme de rénovation des collèges, une visite de la foire annuelle de Mananjary, une visite en bateau du canal des Pangalanes et découverte de petits restos locaux.

Troisième semaine, plus tournée vers des découvertes dans la région. Visite de la ville jumelle Katafan de l’autre côté du fleuve (accessible uniquement en pirogue), de Fianarantsoa, cocapitale malgache historique du sud et voyage en train (la seule voie ferrée de Madagascar !) des hauts plateaux à la mer. Semaine de carnaval aussi à Mananjary.

LE CHANTIER

ÉTAT D’AVANCEMENT AU 15/10/19
Au 15/10/19, à mon arrivée sur le chantier, l’état d’avancement était le suivant :

• Terrassement : 100 %
• Fondations : 100 %
• Structure métallique : 100 %
• Couverture : 90 % (reste traitement du faîtage)
• Enduit extérieur : 55 %
• Enduit intérieur : 20 %
• Dallage : 100 %
• Menuiseries extérieures : 0 %
• Menuiseries intérieures : 0 %
• Peintures intérieures : 0 %
• Carrelages intérieurs : 0 %
• Chape intérieure : 0 %
• Faïences intérieures : 0 %
• Plomberie : 0 %
• Électricité : 0 % (hors intervention GSE)
• Traitement des extérieurs : 0 %

ACTIVITÉS
Récupération du sable du débarcadère à la zone de stockage près du bâtiment. Des aides chargent le sable fin dans la benne du 4×4, puis après remontée du 4×4 (environ 50 m de distance et 6 m plus haut (rampe pour accès au fleuve à partir de la plateforme), ces mêmes aides déchargent à la pelle le sable.

Réalisation de l’échafaudage à l’aide de troncs d’arbres, plus ou moins droits de longueurs variables assemblés par cloutage sur lesquels horizontaux sont fixés des planches non jointives. Il n’y a pas de garde-corps. Des accès par échelles en bois exécutées de même sont mis en place permettant l’accès et la délivrance du mortier au poste de travail en hauteur. Pour stabiliser l’ensemble, certains troncs horizontaux perpendiculaires au mur sont traversants (trous dans les agglos) et des jambes de force sont réalisées à chaque structure verticale.

Préparation du mortier. Un aide transporte des brouettes de sable de la zone de stockage extérieure à la zone de préparation intérieure, de même que des sacs de ciments. Sur la zone de préparation, le mélange est fait à la pelle puis est mis en sacs pour être distribué aux zones de travail. Là, le sac est vidé dans un fût où le maçon rajoute au moment adéquat l’eau nécessaire.

Réalisation de l’enduit. Après avoir préalablement piqué les défauts de maçonnerie et de chainage et hydraté son mortier, le maçon procède à la réalisation de l’enduit. Une première couche jetée à la truelle, une seconde en lissage puis le dressage à la règle avant la finition fine à la taloche et à l’éponge.

Les enduits extérieurs avancent sur trois zones principales, le pignon est qui se finit, le solde du long pan nord qui se finit aussi et la préparation du pignon ouest.

Les enduits intérieurs avancent sur trois zones principales, le refend est, le local pâte à fruit et le pignon ouest local alambic

Activités du samedi matin : continuation, rangements, finitions, …. Et pose des lavabos (à changer pour des éviers …. Droits !!!!). Visiblement la commande (premier choix) avait été faite sur catalogue, mais à la livraison, le premier choix s’est avéré être du rebut avec une fabrication (chinoise) totalement vrillée !!! Sur le devis, il était fait mention de timbres et non de lavabos ! On est tous tombés d’accord pour remplacer ces lavabos par des éviers.
Sans commentaires !

L’ensemble de l’activité reste ce jour aussi centrée sur la poursuite des chapes et le début de l’activité carrelage (apprentissage du calepinage, équerrage, contrôle de la largeur du joint – au clou  !), ….. et sur la préparation des activités de serrurerie des prochains jours.

J’ai passé beaucoup de temps à expliquer aux personnes les règles de poses et de « trichage » si les carreaux ne sont pas réguliers ou d’équerre (ce qui est évidement le cas ici). C’est très compliqué pour eux : la notion « à l’œil » leur est inconnue et pas dans leur culture ! Mais, même s’elle n’est pas parfaite, la pose est quand même tout à fait acceptable. Ils n’ont pas de croisillons, aussi on a utilisé des clous « neufs ». Je dis neufs, car à Madagascar, un clou usagé est récupéré, reprofilé au marteau … et réutilisé !

Une grande discussion a eu lieu. Sur le descriptif il était fait mention d’une couche d’accrochage résine latex qui … n’existe pas à Madagascar. Ici la couche d’apprêt est faite avec un lait de chaux grasse (aérienne).

Je n’avais pas d’expérience ni de recul par rapport à cette technique et après avoir consulté Alain qui n’en avait pas non plus, nous étions circonspects sur la fiabilité de la technique … jusqu’à ma rencontre avec l’ingénieure génie civil malgache qui m’a totalement rassuré, m’expliquant que cette technique plus que centenaire était d’une efficacité et durabilité remarquable …

Poursuite de la réalisation des carrelages (découpes et plinthes du local alambic et centre local pâtes de fruits) ainsi que la continuation de la métallerie, la finition des entourages de portes bois et la finition de la couche d’apprêt extérieure et intérieure (cela prend plus de temps que prévu du fait de manque d’échafaudage métallique – tout à l’échelle).

Réalisation de la chape lissée de l’entrepôt et du démarrage des peintures extérieures.
Préparation de la couleur « blanc cassé » pour la peinture acrylique extérieure.


Finition générale (et jusqu’à la fin de la semaine ou tout sera fini).

Et on change les lavabos par de vrais éviers !
Ça y est, presque fini …
Ça se fête.

BILAN

Ce séjour à Madagascar restera pour moi une grande expérience à la fois professionnelle et humaine.

Il est très impressionnant de voir la réalisation concrète de ce bâtiment qui dans sa qualité comme dans l’organisation et le planning du chantier est somme toute très « proche » des standards français avec cependant des moyens totalement « pauvres et limités » par rapport à ce que l’on peut trouver en France et plus généralement dans les pays européens !

Ce résultat, extrêmement encourageant, s’explique notamment par la qualité, l’implication, l’adaptabilité et l’ingéniosité des hommes et des femmes ayant participé à ce projet. À chaque problème … sa solution, adaptée aux contextes locaux. On manque d’équipement modernes … on revient aux fondamentaux et on compense le cas échéant par des hommes en plus. On n’a pas les équipements particuliers … on compense par de la réflexion et de l’ingéniosité ! On n’a pas les dispositifs de sécurité « français », on compense par une analyse du risque très poussée et des procédures strictes de contrôle et de réalisation.

L’état d’esprit « sécurité » des intervenants m’a particulièrement impressionné. Il est vrai qu’un accident à Madagascar, même pas trop grave au sens européen, serait une catastrophe pour celui qui l’aurait premièrement en terme médical (j’ai eu l’occasion de visiter l’hôpital de Mananjary et le dispensaire de Katafan …) et deuxièmement en terme économique (coût des traitements, charge familiale, manque à gagner d’arrêt de travail …..). Cela amène vraiment à une vrai conscience et implication sécurité pour soi-même et pour les autres, qui n’est malheureusement plus de façon générale d’actualité chez nous.

J’ai côtoyé à Mananjary pendant mon séjour des gens dont la vie est très éloignée de la nôtre et dont les préoccupations majeures sont de gérer au mieux leur vie au jour le jour en termes d’alimentation, de santé, d’éducation des enfants et de famille, si possible en ayant un travail rémunéré stable ce qui est là-bas un luxe assez rare. Ce chantier était réellement une fantastique opportunité pour ceux qui y ont travaillé à la fois d’acquérir des compétences nouvelles et importantes pour leurs activités futures et d’y avoir un salaire régulier. Mais aussi en les côtoyant, j’ai pu aussi me rendre compte de l’importance des valeurs fondamentales que sont la générosité, le partage, le souci de l’autre, l’échange, le souci du travail bien fait, le sens de l’hospitalité, la communauté et de la fête qui sont les leurs.