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Episode #4 – Monter les murs

Par Brice Pigaglio
Ingénieur d'affaires GSE

4ème ingénieur GSE parti à Katmandou, j’ai pris le relais de Franck SPIESER au niveau du suivi du chantier de l’internat de l’école Victor Hugo.

Lors de mon arrivée, la quasi-totalité des dalles béton du rez-de-chaussée avait été coulée, les poteaux de charpente métallique du même niveau étaient tous érigés et les poutres périphériques de l’étage étaient en train d’être posées. Ma mission s’est principalement concentrée sur les points suivants :

• La vérification des structures métalliques : soudures, conception de la charpente de toiture,
• La mise au point des détails techniques (sismique, remplissages de murs en blocs de béton cellulaires, jonctions entre les différents matériaux au niveau des nez de dalles),
• Le suivi du budget et du planning,
• La sécurité sur chantier.

Au moment de mon départ, les blocs du rez-de-chaussée avaient été posés à environ 90%, et l’ensemble des poteaux du premier niveaux étaient en place.

A mon arrivée le 21 Décembre 2018

La construction du rez-de-chaussée battait son plein au moment de mon arrivée sur site. Les profilés métalliques (IPE 130) n’ayant pas forcément des longueurs suffisantes pour atteindre les portées nécessaires, certaines poutres devaient être réalisées en deux parties, assemblées au centre par un système d’éclissage. Une partie de ma mission s’est donc concentrée sur la vérification de la qualité des soudures de ces éclisses, tant au niveau de leur continuité, que de leur épaisseur.

Le remplissage des murs en blocs de béton cellulaires a été par ailleurs l’objet d’une étude particulière au niveau des jonctions avec les poteaux béton. Afin de rendre l’ensemble plus résistant aux sollicitations sismiques, nous avons décidé avec Ramesh, l’ingénieur en charge du suivi du projet sur place, d’ajouter des ferraillages transversaux.

L’idée était de rajouter des allèges et des linteaux en béton armé en haut et en bas de chaque fenêtre afin de solidariser l’ensemble du mur d’une part, et, d’autre part, de faciliter l’installation des futurs châssis vitrés. Une telle disposition permet en effet de venir visser directement les cadres des menuiseries en partie haute et basse, en évitant de se fixer sur les blocs cellulaires trop friables.

Des chutes d’armatures ont également été soudées entre les ailes de chaque poteau : en coulant du béton de chaque côté de ces derniers, les éléments en béton armés verticaux se lient avec les horizontaux, assurant ainsi un comportement homogène du mur en cas de séisme.

Détail de principe d’une trame et zoom sur un poteau d’angle prêt à être
enrobé, avec les chaînages horizontaux parcourant les allèges des fenêtres

Outre le détail technique en lui-même, il a également fallu arrêter la position définitive des fenêtres au moment où le remplissage des murs prenait de la hauteur. Pour ce faire, j’ai notamment modélisé l’ensemble des futurs couchages afin d’optimiser les emplacements de chaque ouverture, de manière à assurer une certaine flexibilité dans les aménagements intérieurs.

Toujours concernant les façades du bâtiment, une des missions principales qui m’avait été confiée consistait à mettre au point un détail technique de la jonction périphérique entre le plancher du premier niveau et les murs d’enveloppe. La question était de savoir comment joindre uniformément le rez-de-chaussée, réalisé en blocs de béton cellulaires de 20 cm d’épaisseur et l’étage composé de cloisons minces en panneaux de fibre ciment remplis en laine de roche. Les âmes des poutres périphériques étant en décalage avec le reste des façades, il fallait réfléchir à une façon d’éviter une surépaisseur sur les surfaces finies, élément non seulement inesthétique mais aussi support de salissures sur le long terme.

La conception de ce détail s’est mêlée avec une optimisation économique suggérée par Ramesh. En remplacement d’une superposition d’un enduit de ragréage des murs et d’un enduit de ciment blanc pour la finition, celui-ci nous a proposé de passer simplement sur une couche plus épaisse d’enduit ciment. En ponçant l’extérieur des murs en béton cellulaire pour aplanir la surface, il était possible de se passer d’un ragréage bien plus onéreux que l’enduit ciment. La visite d’un autre chantier faisant appel à cette mise en oeuvre nous a permis de nous assurer de la qualité du rendu final et de valider cette solution permettant de réaliser des économies substantielles.

J’ai alors proposé de décaler la position des solives de rive du plancher, afin de faire filer les panneaux de fibrociment de l’étage devant celles-ci, cachant le creux de leur âme tout en alignant les surfaces enduites (voir détail ci-dessous).

Détail en coupe du traitement des nez de plancher en façade

Un des derniers points soulevés lors de mon suivi concernait la structure de la toiture, au niveau de la composition des fermes elles-mêmes, ainsi qu’au niveau des descentes de charges à assurer dans l’angle du bâtiment. Arrivant au terme de ma mission, j’ai simplement eu l’occasion de synthétiser les différentes hypothèses à valider avec le bureau d’étude ECCM84 : Nasser arrivé juste après moi, s’est chargé de la mise au point de l’ensemble de ces questions.

Document de synthèse des interrogations principales sur la structure de la toiture

Outre ces aspects de conception technique, une mise au point financière hebdomadaire a été faite avec Ramesh et Pramod, visant à consigner scrupuleusement les facturations de matériaux et de main d’oeuvre, à l’avancement du chantier. Ce reporting rigoureux réalisé avec le tableau de suivi de Pablo inspiré des pratiques GSE nous a permis de nous assurer que les dépenses s’inscrivaient effectivement dans le budget prévisionnel global.

A mon départ le 2 janvier 2019